Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir Hors-série n°198 daté juillet-août 2019.
Treize années d’études ont été nécessaires pour relever le défi : permettre à l’A75, l’autoroute reliant Clermont-Ferrand au Languedoc, de franchir la vallée du Tarn à Millau sans barrer le paysage. Pour son viaduc, dont la première pierre a été posée le 14 décembre 2001 soit il y a tout juste 20 ans, l’architecte britannique Norman Foster a imaginé sept fines piles distantes de 342 mètres, dont la plus haute culmine à 245 mètres, un record mondial. Le sommet des pylônes se hisse ainsi 343 mètres plus haut que la base, soit 19 mètres de plus que la tour Eiffel !… D’une longueur de 2460 mètres, le pont à haubans a été inauguré en 2004.
Faire avancer le tablier de 60 centimètres toutes les 4 minutes
Les deux tronçons du tablier supportant une route à quatre voies ont été assemblés sur place et poussés l’un vers l’autre depuis les plateaux dominant la vallée. Comment a-t-on pu faire glisser ces 36.000 tonnes d’acier sur les piles sans que celles-ci penchent ou tombent ? Grâce à des translateurs, positionnés justement au niveau des piles et des palées (béquilles temporaires de soutien installées à équidistance de chaque pile). Composées de deux cales et de puissants vérins hydrauliques, ces machines ont permis de faire avancer le tablier de 60 centimètres toutes les quatre minutes, en évitant tout frottement. Une prouesse quand on sait que ce système n’était alors qu’au stade de prototype !
Des pylônes basculés à la verticale
C’est en revanche à une technique éprouvée depuis des millénaires que les ingénieurs ont eu recours pour ériger les sept pylônes sur lesquels sont fixés les haubans. Ils les ont basculés à la verticale au moyen de deux bras d’acier arrimés par des câbles et munis chacun d’un vérin hydraulique. À quelques innovations techniques près, les Égyptiens ne faisaient pas autrement pour dresser leurs obélisques...
Par Sophie Creusillet