Avec le viaduc de Millau, Jacques Chirac a inauguré, mardi 14 décembre, le pont de tous les records. Déjà le plus haut du monde avec un pylône qui culmine à 343 mètres, cet ouvrage d'art aura aussi été un des plus rapidement construits. Trois années auront suffi pour mener à terme sa réalisation.
Quelques étapes spectaculaires du chantier attestent de ces performances : 20 octobre 2003, record du monde de hauteur pour une pile, la désormais célèbre P2 qui atteint 245 mètres ; 28 mai 2004 : le "clavage" permet la jonction des deux parties du pont au-dessus du Tarn. De ce jour, l'ouvrage prend sa forme quasi définitive avec une partie à 270 mètres au-dessus du Tarn et ses 2 460 mètres de chaussée.
"S'INSCRIRE DANS LA DURÉE"
Après le temps de la construction, voici venu le temps de l'exploitation. L'ouvrage sera géré par la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau (CEVM), la plus petite société concessionnaire d'autoroutes de France, filiale du groupe Eiffage, constructeur de l'ouvrage et troisième groupe européen de bâtiment et de travaux publics. La durée de la concession, qui inclut les trois ans du chantier, est de soixante-dix-huit ans. La principale originalité de cette concession est que la société Eiffage s'engage à restituer le viaduc à l'Etat dans cent vingt ans dans le même état que lors de la mise en circulation. C'est la première fois que l'Etat impose ainsi à un exploitant l'entretien d'un ouvrage d'art au-delà de la durée de la concession.
"En réalité, je suis certain que la vie de l'ouvrage dépassera cet horizon", affirme Marc Buonomo, directeur des ponts et ouvrages d'art chez Eiffel et chef du projet concernant les parties métalliques. Et il rappelle que le viaduc de Garabit (Cantal), dont on vient de célébrer les 120 ans, supporte toujours le passage des trains et que la légendaire tour Eiffel reste pimpante du haut de ses 115 ans.
Pour garantir cette durabilité, le viaduc a été équipé de nombreux systèmes d'observation. "Il est rare de voir un ouvrage de circulation avec autant d'instruments", observe Jean-Claude Mutel, de la direction de la CEVM. Ainsi quelque 200 capteurs ont été installés sur tous les points stratégiques du viaduc - piles, tablier et haubans - pour enregistrer les microvibrations et les pressions sur l'ouvrage résultant de la circulation automobile et des conditions atmosphériques. Ils permettent aussi de mesurer l'hygrométrie dans le béton des piles ou la température générale de l'ouvrage.
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